Lundi 9 Décembre 2019.
Bonjour Xin Chào
Depuis l’hôtel d’ Hoi An, Dat nous amène à Da Nang,
d’où on s’envolera pour Saigon, pardon, Ho Chi Minh !... C’est
alors qu’un autre guide, Van, vient nous parler de cette grande ville que nous
traversons actuellement, où beaucoup de villas mirobolantes et d’hôtels ont été
construits sur le littoral.
« Aujourd’hui
13 ponts relient le centre-ville, avant il fallait emprunter un bac, hier vous
avez dû voir le fameux Pont du Dragon » Le premier qui fut construit ici,
date de l’époque coloniale, ce sont les Français qui l’ont bâti pour
transporter des marchandises par chemin de fer.
Il nous raconte qu’ il existe des centres pour les personnes âgées, celles qui sont abandonnées, soit qu’elles n’ont pas de famille, car c’est inimaginable au Vietnam, qu’un enfant laisse ses parents dans de tels centres, la honte rejaillirait sur lui, soit des personnes handicapées. Dans ces centres, les résidents travaillent, font des petits boulots faciles.
Nous voici arrivés à l'aéroport de Da Nang.
Le moment est venu de faire nos adieux à notre chauffeur, on ne se
connaît que depuis une semaine et pourtant cet instant est toujours un moment
émouvant. Adieu Dat !
Ce vol (VN117) qui s’effectue sur un airbus A321 de 250 places, de la Compagnie Vietnam Air-Lines, dure une heure.
Hier Chû nous avait conseillé de porter des vêtements légers, mais de faire attention toutefois à ce soleil qui, trop fort, pourrait bien nous brûler la peau. D’ailleurs les femmes circulant sur les scooters portent un cache-jupe, sorte de long vêtement qui couvre les jambes.
La rue que nous empruntons s’appelait autrefois Charles-de-Gaulle, il reste néanmoins quelques rues de Ho Chi Minh qui ont gardé leur nom français, comme un souvenir du passé, principalement en hommage aux bienfaiteurs du pays, c’est ainsi que nous empruntons la rue Pasteur qui passe devant l’institut éponyme. Un autre témoignage important : la rue Alexandre de Rhodes, baptisé ainsi en 1995 en l’honneur de cet évangélisateur-jésuite qui, il y a trois siècles, a transcrit la langue vietnamienne en alphabet latin.
Nous déjeunons au restaurant Nam Du, 226 Pasteur. Chû nous qui nous en a énuméré
rapidement le menu, précise « Il y aura du flan en dessert »
c’est si rare que ça vaut la peine de le souligner, car c’est le plus souvent
une tranche d’ananas et de pastèque.
Chû présente notre nouveau chauffeur : Sang, signifiant prospérité, son aide-chauffeur se prénomme Huong, signifiant le héros.
(anciennement Saigon)
Ho Chi Minh en quelques lignes (Point N° 12 Carte itinéraire) 8 millions d’habitants. Elle a pour origine Prey Nokor un petit comptoir commercial kmer fondé il y a plus de trois siècles, région qui se développe grâce à la culture du riz en champs inondés et à sa position sur les voies commerçantes vers la Chine. Prey Nokor prend le nom de Saigon sous la dynastie Nguyen. En 1859 la France s’en s’empare et la déclare capitale de la Cochinchine. Devenue le refuge de GIs et de Vietnamiens fuyant les bombardements, Saigon devint une cité de corruption et de débauche, jusqu’à l’entrée des chars nord-vietnamiens. Rebaptisée Ho Chi Minh-Ville, c’est aujourd’hui une cité vibrante tournée vers l’avenir, avec la construction incessante de tours de verre qui abrite les boutiques chics, mais qui ne renie pas pour autant son passé colonial avec ses élégants édifices coloniaux bien entretenus.
La première étape de la visite d’Ho Chi Minh est pour le :
ìMusée d’histoire du Vietnam. Celui-ci, d’une vingtaine de salles, fut construit en 1929 dans un bâtiment style pagode. Je suis déjà impressionnée par la longue fresque qui couvre un de ses murs ! L’entrée se fait après avoir longé un superbe étang rempli de fleurs de lotus.
Je m’acquitte du
droit photo, on m’agrafe une étiquette autour du cordon de l’appareil-photo, vu
son coût: 1 euro, ça serait trop bête de s’en priver, quoique ce soit plus
onéreux que le ticket d’entrée…. Malgré mes suppliques auprès de Chû, il m’est
toujours impossible de trouver un quelconque bouquin, ou même qu’une simple
brochure, qui me permettrait de mettre un nom sur mes clichés, pourtant des
boutiques de souvenirs existent, je les ai vues sur des photos d’anonymes. Chû
n’a-t-il pas voulu perdre de temps, ou sommes nous passés par une petite entrée
moins touristique ? tout est possible, mais réellement dommage !
A sa suite je pars explorer quelques salles dont les objets présentés vont me faire remonter le temps. Ce musée s’arrête à l’époque contemporaine, il n’y a aucune trace de l’époque coloniale, ni des guerres successives qui ont ensuite meurtri le pays, pour cela il faut partir à la découverte du Musée des Vestiges de la Guerre, situé non loin de là.
w L’une des salles expose des
reliques datant du Néolithique, j’aperçois une famille qui a appris avec du silex à faire du
feu, ainsi elle ne mangera plus de viande crue.
w Puis vient l’âge de bronze (2500 ans av J.C.) l’homme développe l’agriculture, se sert des animaux pour travailler, se nourrit de sa pêche, fait de la poterie, fabrique des outils. L’influence de l’art de cette civilisation qui échangeait avec d’autres peuples d’Asie du Sud-Est, se traduit par une grande diversité d’objets rituels, souvent décorés de motifs humains ou animaux, preuve en est :
Ces tambours de bronze. Ceux-ci servaient en temps de guerre, mais aussi comme rites d’incantation, pour notamment appeler la pluie. « Beaucoup de reliques de cette période ont été perdues, ou volées par les chinois, lors de leur colonisation de 1000 ans »
w Je découvre quelques bels exemple de l’art Cham, une civilisation hindouiste qui perdura du 2ème au 17ème, telle par exemple cette sculpture qui représente neuf divinités (novoraha), on y rendait un culte lié aux traditions indiennes de la cosmologie.
w Au centre d’un hall, Ho Chi Minh, du haut de son buste fleuri veille..
w Puis voici des lingas du 7ème, le linga
représente le sexe masculin, objet symbolisant la présence du dieu créateur
Shiva, on l’honore pour espérer avoir une grande famille, on verse de l’eau
pure sur lui. Lorsque l’image de Shiva apparait sur ce linga, on dit alors que
c’est un mukkalinga. Dans la religion hindouiste, on le vénère, comme on le
fait pour Bouddha ou Jésus-Christ dans les autres croyances.
La première dynastie du Vietnam est celle des Ly, car le dernier empereur Ly n’avait qu’une fille à mettre sur le trône, son mari imposa son nom et fondit la dynastie Tran en 1225.
w Cette civilisation est
exposée à travers des céramiques et une maquette de tour à onze niveaux.
w Une grande fresque représente la bataille de Bach Dang de 1288, gagnée par les Vietnamiens grâce aux pieux enfoncés dans l’embouchure de la baie d’Halong, à marée basse. On y voit les bateaux éventrés qui brûlent atteints par les flèches enflammées lancées par les Vietnamiens depuis des sampans de bois. Devant la fresque, quelques uns de ces pieux sont exposés.
w Une collection de bouddhas réunit des statues provenant de tous
les pays d’Asie, le bouddha thaïlandais par exemple est différent du
vietnamien, certains sont en posture de
méditation.
C’est ainsi que je (re)fais connaissance avec le dieu Vishnou assis sur
sa fleur de lotus, Shiva, (le créateur) Ganesa (son fils) à la tête d’éléphant sur un corps d’homme
Mais d’où vient donc cette étonnante divinité ? voici une explication parmi tant d’autres ! Shiva rentrant d’une très longue période de méditation trouva un jeune homme barrant l’accès à sa maison, pensant que ce jeune garçon était l’amant de sa femme, d’un coup d’épée il lui trancha la tête. Quand celle-ci apprit l’horrible nouvelle, elle exigea de Shiva qu’il redonna vie sur le champ à son fils. Shiva promit de couper la tête au premier être vivant qui passerait et de mettre cette tête sur le corps de Ganesh, espérant ainsi le ressusciter, ce fut un éléphant. En Inde ce dieu mi-éléphant mi-homme est un génie de l’intelligence, du bonheur.
Dans la même série des dieux hindouistes, je vois les statues de Garuda, présenté ici avec les serpents au-dessus de sa tête, ceux-ci protégeaient les temples, de Nandin, le taureau blanc. Voici la statue en métal d’un moine bouddhiste, le pauvre, il est si maigre qu’on lui voit les côtes !
w Deux stèles de pierres dont les inscriptions qui datent de 639, écrites en vieux kmers (pour la plus grande) mentionnent diverses donations au dieu Shiva.
Comme à chaque fois, je m’aperçois qu’on a zappé de
nombreuses salles et pas des moins intéressantes, car photographiant à tout va,
je n’aurais pu passer devant sans les voir : les costumes des minorités ethniques,
leur mobilier, les costumes impériaux, les instruments de musique, ni devant
les statues funéraires, la maquette d’ivoire et de bois incrusté de nacre, les
canons du 18ème. C’est ainsi ! le guide ne nous montre que l’essentiel,
ce qui est, je vous le concède déjà pas mal, car à défaut de tout voir ! ce qui
l’est est clairement expliqué par Chû, mais j’aurais tout de même bien aimé
voir cette étonnante momie de 1869 !
Ci-contre, photo récupérée.
Sang nous amène près du Palais de l’Unification, anciennement Palais présidentiel. Le 30 Avril 1975, après que le char d’assaut de la 203ème brigade nord-vietnamienne, ait enfoncé les grilles du palais, un soldat qui en sort court hisser le drapeau Viêt-Cong au balcon du 4ème étage, le président du Sud-Vietnam est arrêté, c’est la fin de la guerre. L’image de ce blindé enfonçant les grilles est une image qui entra dans l’histoire. Devenu aujourd’hui musée, il n’est pas prévu de le visiter, mais depuis ces fameuses grilles,
Chû nous laisse le temps de pouvoir apercevoir ces reliques, ces deux blindés, des T 54 repeints à neuf, à droite du jardin.
De là, traversant un joli parc rempli d’hopéas, des arbres de grande taille, ouf… un peu de calme après l’agitation des scooters….nous arrivons à proximité de l’ancien quartier colonial, qui à l’époque portait le surnom de « Petit Paris de l’Extrême-Orient » La plupart de ces établissements fermèrent sous le régime communiste, mais en 1986, il fut décidé de leurs restaurations.
ì La Cathédrale Notre-Dame, appelée Nha Tho Duc Ba. La plus grande église jamais construite par les Français fût
bâtie en 1880 dans un style néo-romain, en pierre locale et en brique rouge
importée de Toulouse. Avec ses deux tours de 40 mètres, elle a un petit air de Notre-Dame-de-Paris,
c’était alors le plus haut édifice de Saigon. Sur le parvis, on voit une statue
de la Vierge qui a été sculptée à Rome en 1959. En restauration depuis déjà
plusieurs années, elle est apparemment toujours interdite au public, un mur de
briques recouvert de photos des travaux a été édifié sur tout son périmètre,
une grille défensive en condamne l’entrée, dommage !..
De l’autre coté de la rue Cong xà Paris, se
trouve un charmant bâtiment colonial, la couleur jaune de ses murs tranchant
avec celle des persiennes vertes est d’un plus bel effet. En son centre une grande
horloge qui fonctionne depuis près de 130 ans est disposée devant une grille
en fer forgé.
ì Conçue par l’architecte Gustave Eiffel en 1891 la Poste Centrale (Buu Dien) évoque plus l’architecture d’une gare que celle d’une poste. L’intérieur est saisissant, sous les voûtes soutenues par des piliers en fer forgé peints en vert, une trentaine de guichets authentiques faits de panneaux de bois s’alignent. Je ne sais pas lire le vietnamien, mais je pense qu’ils ont chacun une vocation bien spécifique. De chaque coté sur les murs sont collées deux gigantesques cartes anciennes qui décrivent la ville et la région. Cette ambiance surannée est l’invitation pour une pause sous le regard de Ho Chi Minh, dont le portrait orne le mur du fond.
C'est certain, ce lieu opére un certain charme
sur ma personne, j’éprouve un brin de
nostalgie en apercevant les 14 cabines téléphoniques, qui ont servi pour la
première fois en Juillet 1894, au-dessus, des cadrans d’horloges de quelques
pays mondiaux, à Paris en ce moment il est 9h15. Au centre, dans un ovale
parfait des kiosques vendent des cartes postales, des timbres.
Un an plus tard, les premières lettres timbrées furent envoyées depuis cette Poste de Saigon vers des destinations mondiales. Un espace est réservé à l’écriture avec le pot de colle pour utiliser le timbre. Le temps qui passe ne semble pas avoir de prise sur la Poste, si ce n’est le téléphone portable qui, dépassant de la poche d’un jean, ne trahissait la modernité.
Sur les cotés, sont installées des boutiques de souvenirs d’une profondeur à ne plus finir… j’y trouve mon cendrier en laiton, une de mes collections, mais fumeur s’abstenir, on ne touche pas, on regarde seulement !
ì En longeant la rue Dong Khoi, je passe devant L’Hôtel Continental de 1866, lieu mythique de l’Indochine française, à l’époque, c’était le plus prestigieux des grands hôtels de luxe. Des journalistes en firent leur quartier général pendant la guerre du Vietnam, d’illustres clients l’ont fait entrer dans l’histoire, tel qu’André Malraux, mais surtout Graham Greene qui y a séjourné plusieurs mois et s’est inspiré de l’histoire contemporaine du moment pour écrire son célèbre roman : Un Américain bien tranquille (1955) dont un film s’est inspiré depuis.
ì Tout à coté : l’Opéra construit en 1899, ses deux
grandes cariatides et ses figures ailées sculptées au fronton trahissent le
style néoclassicisme de la fin du 19ème siècle. Après avoir abrité
les séances de l’Assemblée nationale du Sud-Vietnam, il a retrouvé aujourd’hui
sa fonction initiale avec des représentations de théâtre vietnamien
traditionnel, de la musique classique, des concerts de rock ou du spectacle
culturel.
Marchant toujours sur la Dong Khoi, je ne peux que voir cet hôtel de 10 étages, ìle Caravelle bâti en 1959.
Elle se voit de loin ì la tour Bitexco, et pour cause ! ce bâtiment à la silhouette mince et effilée, évoquant le bourgeon d’un lotus, fait 262 m de haut et possède 68 étages. Inaugurée en 2010, cette tour est devenue l’emblème du renouveau de Ho Chi Minh-Ville. Il est possible depuis le 49ème étage, de profiter d’ une vue panoramique sur la ville à 360 °
A deux rues de l’Opéra, se trouve une promenade piétonne de 700 mètres encadrée par ì l’avenue Nguyèn Huè, qui part depuis la rivière Saigon jusqu’ l’ancien Hôtel de Ville. Celle-ci qui fait 27 mètres de large a été aménagée au 19ème sur un canal comblé. Rénovée et pavée en 2015, elle incite à une balade tranquille, à l’abri des tempétueux scooters. N’est-elle pas surnommée « les Champs Elysées » par les Vietnamiens !
Nous ne parcourons pas cette avenue dans sa
totalité, mais la prenons à environ 200 mètres de l’ancien Hôtel de Ville. Cet
espace dispose de petits jets d’eau jaillissant du sol, mais demain soir aura
lieu un évènement très important : la finale de la Coupe d’Asie et le
Vietnam est l’un des finalistes. Ces nombreux échafaudages qui sont en train
d’être installés au beau milieu de cette promenade, seraient-ce des tribunes,
avec un écran géant ? Il y a fort à parier que c’est justement là, qu’où
auraient dû jaillir ces mini-fontaines, faut dire aussi qu’en Décembre, il ne
fait que 30 °, pas de quoi succomber de chaleur.
Sur cette
élégante promenade longée d’arbres, d’une fontaine qui prend ses aises, des
petits jets en forme d’éventails jaillissent autour d’une énorme fleur de lotus
rose, il va sans dire !...
Un peu plus loin se distingue une imposante (7,20m) statue de cuivre de l’oncle Ho Chi Minh, le bras levé, comme pour me souhaiter un amical bonjour. De part et d’autre, ainsi qu’à ses pieds, j’admire les symétriques parterres fleuris, les bassins ou des lotus posés dans des pots émergent de l’eau, magnifique !
Je me rapproche de cet ancien hôtel de ville. Lors de sa construction vers 1890, il était la résidence du gouverneur de la Cochinchine française, aujourd’hui c’est le siège du Comité populaire de la ville. Avec sa longue façade de couleur crème à beffroi ornée de bas-reliefs et de colonnes corinthiennes c’était alors le symbole de l’empire colonial triomphant. Maintenu en parfait état, il est devenu, les années passant, l’un des emblèmes de la ville, le bâtiment conservant l'ancienne architecture occidentale, avec son toit rouge-brun, ses colonnes blanches et une magnifique tour d’horloge attire de nombreux touristes.
Changement radical de décor, nous quittons le cœur historique colonial pour aller fouiner du coté de Cholon, quartier situé à 8 kms du centre, qui a su préserver son identité du 19ème siècle.
ì Ce quartier, enclave chinoise en terre vietnamienne, fût fondé
au 13ème siècle à cause d’une immigration massive de chinois, les Hoa, due à la
chute de la dynastie Ming. Ceux-ci qui désiraient défricher des terres fertiles
du delta du Mékong, furent autorisés à s’installer dans un faubourg marécageux,
devenu plus tard le quartier Cholon. Pendant la colonisation française, Saigon fit
assécher les marécages, ce quartier étant la porte d’entrée au Delta du Mékong,
devint alors une zone stratégique. Grace aux relations entretenues avec
Hong-Kong, la Malaisie, les Philippines, là où il y avait une forte concentration
de chinois, ce quartier était au début du 20ème siècle en plein
essor.
Le temps d’un Chinatown de l’époque coloniale, connu pour ses bars à opium, ses tripots, ses maisons closes, est révolu. Aujourd’hui les 500 000 chinois qui y vivent font de ce quartier, l’un des quartiers commerçants les plus animés de Hô Chi Minh-Ville, avec des boutiques regorgeant de soieries, d’herbes médicinales, de bibelots en jade ou en céramique.
La promenade que nous effectuons alors, nous amène dans la rue des épices, plusieurs désirant acquérir du poivre. Voici des sacs de fruits séchés, de noix, de champignons séchés, etc…
Les Chinois ont profité de la protection française pour construire quelques temples, puis ensuite des habitations résidentielles, et se regrouper en congrégations. La transition est toute trouvée pour vous présenter :
ì Le temple de Thien Hau.
Parmi les plus
décorés de la ville et construit par les Cantonais au début du 19ème
siècle, il est dédié à la déesse de la mer, gardienne des marins, le voyageur
vient lui rendre hommage avant… ou après… un long voyage, comme le firent les boat
people dans les années 1980. Au faîte du toit, j’y vois d’étonnantes
figurines en céramique inspirées de la légende des « Trois
Royaumes »
Le temple
comprend trois bâtiments en enfilade, séparés par des cours intérieures, au
centre de l’une d’elle, se dresse un incinérateur destiné aux offrandes.
Au-dessus de ma tête, sont accrochés sur des fils tendus d’un mur à l’autre, des tortillons d’encens, d’où ces agréables effluves qui flottent dans les airs. Ces bandes de papier rose qui couvrent un pan de mur sont des prières écrites par les fidèles, un peu plus loin j’aperçois les trois statues de Thien Hau Thanh Mau qui se devinent de derrière l’autel.
La visite de ce temple Thien Hau se termine par le passage dans une salle où sont accrochés des tableaux de chaque signe astrologique chinois. Voici mon rat !...
.
Maintenant Sang
doit nous ramener à l’hôtel, mais quelle circulation ! quel sang froid
doit avoir ce chauffeur pour circuler autour de ce rond point, faire attention
au scooter qui vient de la droite, celui qui arrive sur sa gauche et qui en
passant au ras du véhicule veut aller à droite, même celui qui circule à
contre-sens, moi j’aurais laissé le bus sur place !....
Enfin, nous y sommes ! Sang nous a déposé entiers à l’hôtel Nha Khach 165 d’Ho Chi Minh. Après une hâtive installation, nous revenons rapidement dans le hall car…..
Chû nous l’avait promis, Chû l’a fait ! il a demandé à sa femme de venir
avec ses enfants, ils habitent à 15 kilomètres de Saigon, pour nous rencontrer.
C’est bien la première fois que je vois un guide présenter sa famille !
Chû a le don pour se rendre sympathique, car nul doute que ça n’a pas dû être
simple pour Linh de venir accompagnée de sa fille Vân et de son petit garçon
Khiêm, jusqu’à l’hôtel, d’autant que pendant la période scolaire, ils vivent
chez leurs grands-parents.
Comme chacun d'entre-nous l'a fait,
j’échange quelques mots avec Linh, puis voici un
grand moment d’émotion que nous partageons tous avec Chû, celui où il a pu serrer ses enfants dans
ses bras, ses « chouquettes » dira Josette, ce qui l’a bien amusé. Il
nous donne l’autorisation de les photographier, hé bien, dis donc ! J’en
ai bien conscience, le métier de guide-accompagnateur vous éloigne de votre
famille, et ce pendant de longues semaines. Chû nous confiera plus tard, qu’après
nous avoir quittés, il passera trois à quatre jours en famille, puis il
repartira accueillir un nouveau groupe, mais n’en est il pas de même pour le
chauffeur, c’est ainsi, va la vie !
A cet instant, je pense bien fort à eux deux.
Connaissant nos problèmes politiques, Chû ne nous a-t-il pas dit qu’il ne
souhaite pas voir notre économie française s’effondrer, car il n’aurait alors plus
de visiteurs pour le faire vivre ! Il a dû mal regarder dans sa boule de
cristal car au moment où j’écris ces lignes,
ce ne sont pas nos finances nationales dont il doit se préoccuper, mais du
coronavirus qui va déjà leur enlever toute la clientèle chinoise, mais aussi sans
doute les amputer d’ une partie de la clientèle européenne, voir française, car
ce sont bien les pays voisins de la Chine qui vont être impactés à plus ou
moins brève échéance. Espérons que d’ici peu tout rentre dans l’ordre !
La journée n’est
pas encore terminée, Chû décidément bien innovant en matière de surprise nous
en a préparé une superbe : un dîner-croisière sur le fleuve Saigon, ce
n’était pas prévu et je tiens à souligner cette belle initiative de sa part.
Mes yeux
n’en finissent pas de s’agrandir à la vue de ses belles jonques dont la couleur
des voiles change sans cesse, allant du bleu au jaune en passant par le mauve.
Nous prenons
place à bord du « Pearl of Orient » une magnifique jonque de
bois aux rambardes en bois sculpté. Le décor intérieur est ravissant, et n’est-il
pas mignon, ce serveur avec sa chemise et son calot brodés de l’enseigne de la
Compagnie !
Tout au long du repas, une troupe va nous divertir avec de la musique traditionnelle. Cette croisière sur la rivière Saigon dure 1h30, j’avoue que j’étais plus souvent sur le pont à admirer les magnifiques lumières de la ville qu’à ma table, Ho Chin Minh se drapant de lumières scintillantes dans le ciel nocturne, c’est pour moi un must….
Je vous offre de bon cœur ce court montage de quelques minutes, faites en bon usage !
La croisière est terminée, elle ne
s’amuse plus…. Sang nous ramène à l’hôtel, il est temps d’aller se coucher, je
vous souhaite donc une bonne nuit.
Toutefois je ne résiste pas à la photo de la ville illuminée, prise depuis ma fenêtre de chambre !
A demain !
Mardi 10 Décembre 2019.
Les yeux encore pleins du magnifique spectacle de
la veille, je vais à présent découvrir les secrets de fabrication d’un tableau
laqué. C’est au centre Phuong Nam que nous sommes accueillis par Mme Lé,
qui attend patiemment que tout le monde soit réuni autour d’elle « la
petite devant… » pour commencer ses
explications. Sachez déjà que la laque est la résine du laquier, elle en est
extraite de la même façon que l’est le latex.
« Il
faut d’abord choisir le bois qui servira de support, selon l’utilisation
future ça peut être du bois de rose pour les meubles, du contreplaqué pour les
plateaux et petits objets, du bois de jaquier pour les petits vases, les bols et
du bambou pour les assiettes. D’un blanc laiteux, elle devient de plus en plus
noire, au contact de l’air. Après un temps de repos la laque s’est divisée en
plusieurs couches dont une transparente qui sert à mélanger les pigments.
On passe une première couche de laque, puis on enveloppe les supports avec de la gaze en coton, ceci pour empêcher que le bois ne travaille. Cette étape est importante, un gage de qualité, car si le bois travaille, il finit par craquer, mais ce n’est pas fait partout, Puis on passe trois couches de laque mélangées avec du kaolin, ce qui la rend plus épaisse, ce mélange comble ainsi les aspérités.
Parlons
maintenant de la nacre. Elle vient du coquillage ou de l’escargot, présentée
ainsi on ne peut pas la découper, il faut l’aplatir en faisant chauffer la
matière première à la vapeur. Le motif est décalqué sur le coquillage, puis
découpé avec cette scie, même les motifs infiniment petits. S’il le faut, on
ira jusqu’à démonter la scie pour faire la découpe, pour des rayons de roue par
exemple. Sinon on fait des petits morceaux qui sont rassemblés avec du scotch,
ou encore cloutés, puis on recouvre le tout de laque.
Une fois cette couche
séchée, il faut poncer avec un os de seiche, pour qu’apparaissent les motifs.
On laquera encore au moins sept couches, de façon à arriver à la même épaisseur
que la nacre, et entre chaque couche un ponçage au papier émeri est obligatoire.
Arrivés à cette étape, les détails sont gravés, comme le nez d’un visage, les
plumes d’un oiseau. La dernière couche est faite avec la laque transparente,
qui une fois sèche est poncée, polie pour rendre un brillant.
Les tableaux selon leurs tailles ont nécessité treize couches de laque et deux à trois mois de réalisation, en incluant le temps de séchage à l’air de quelques jours entre chaque couche, plus il y a de couches, plus il sera résistant.
Ici on a peu de monde, mais nous avons un atelier en banlieue qui emploie 60 personnes. C’est le seul magasin au Vietnam qui vend ces articles faits mains, avec cette qualité unique, car nous n’avons pas omis de recouvrir l’objet de gaze.
Une autre technique pour obtenir de jolis motifs, consiste à utiliser la coquille d’œuf de canne, coquille dure, blanche, épaisse. On ne colle jamais la coquille d’œuf en même temps que la nacre, parce que celle-ci est plus mince. Le travail est identique, une couche de laque, du ponçage. La coquille peut être aplatie et cassée sur le tableau, elle donne alors un aspect granulé, sinon on peut aussi utiliser de la coquille déjà pilée. Lorsqu’on veut une teinte plus foncée, on brûle la coquille, pour les autres couleurs, on a recours à la teinture. »
Place
maintenant à la boutique, il y a des tableaux d’accrochés partout sur les murs,
des petits, des grands, là encore ça fait envie. Ne sont-elles pas jolies ces
paysannes au chapeau conique, ce gamin à califourchon sur son buffle, ou encore
cette splendide baie d’Halong !
A présent, nous quittons Ho Chi Minh et prenons la direction de Caï be où nous devrions découvrir les activités fluviales et la vie des paysans du delta du Mékong.
Ne manquez pas de m’y rejoindre !
A tout à l’heure